Si vous êtes dans le monde de la R&D ou de l’innovation, vous avez sûrement déjà entendu l’expression “jeunes docteurs”. On ne tombera donc pas dans la facilité de la blouse blanche et du stéthoscope car, pour ceux qui ne connaissent pas l’expression, il s’agit en fait d’un dispositif 100% français qui permet de recruter plus facilement des jeunes diplômés titulaires d’un doctorat de recherche.
Et ce dispositif “jeune docteur” (DJD) a connu une grande mise à jour dans le cadre de la réforme du Crédit d’Impôt Recherche (CIR) de 2008. En effet, en renforçant le DJD, l’Etat a souhaité améliorer et développer l’emploi en CDI des titulaires d’un doctorat de recherche dans les entreprises privées.
Petite précision : derrière le terme “jeune”, ne se cache pas forcément une notion d’âge, mais plutôt de “premier emploi durable”. On constate effectivement que de (trop) nombreux docteurs enchaînent les CDD et n’obtiennent leur premier CDI que quelques années après l’obtention de leur doctorat… A défaut, on constate souvent le départ de ces diplômés vers l’international, phénomène souvent qualifié de “fuite des cerveaux”.
Et pourtant… Embaucher un jeune docteur, c’est faire rentrer des compétences de haut niveau dans votre société. C’est aussi intégrer des personnes ayant une méthodologie et une expertise fortes dans vos domaines de recherche et d’innovation. En bref, c’est beaucoup de points positifs en plus du seul DJD…
Est-ce que ça a marché ? Oui, mais…
Le CIR s’est ainsi transformé en réel levier de recrutement de jeunes docteurs dans les entreprises privées. Les chiffres parlent d’eux-même : le nombre d’entreprises déclarant des dépenses au titre du DJD a fortement augmenté puisqu’il a été multiplié par plus de 3,5 entre 2007 et 2013 (cf graphique ci-dessous). Et l’évolution sur les années suivantes (chiffres officiels pas encore sortis) est dans la même tendance.
Donc oui, compte tenu de l’objectif initial, on ne peut que constater que cela a marché.
Cependant, on peut quand même modérer un peu notre enthousiasme. Même si en 2013, il y a eu 1538 entreprises déclarant des dépenses CIR au titre du DJD, cela ne représentait finalement que 5% des entreprises réalisant de la R&D en France (30710 entreprises en 2013). La marge de progression est ainsi encore très large pour accueillir des jeunes docteurs au sein des entreprises réalisant de la R&D.
L’intérêt est pourtant réel à recruter des compétences de haut niveau à moindre coût. La preuve ?
Rappel du dispositif jeune docteur au sein du CIR
Le DJD permet que pour l’embauche d’un jeune docteur, la valorisation de son salaire chargé et de ses frais de fonctionnement soient doublés pendant les 24 premiers mois dans le calcul du CIR. Au final, si le chercheur est exclusivement affecté à des travaux de R&D c’est 120% de son salaire qui peut être récupéré sous forme de crédit d’impôt. On est quand même dans de l’incitatif assez fort là non ?! Evidemment, il faut quand même remplir quelques conditions.
Les conditions principales du dispositif jeune docteur
- La personne embauchée doit être titulaire d’un doctorat en recherche,
- Le poste proposé est un poste en R&D qui correspond au niveau de diplôme du docteur,
- La société qui embauche ne doit pas avoir réduit son effectif en R&D par rapport à l’année précédente.
Un exemple en chiffres ?
Imaginons un jeune docteur, dont le salaire éligible est de 45000€, et qui a un temps affecté à la R&D de l’ordre de 90%.
- Les dépenses de personnel déclarées seront donc de (45000*0,9) 40500€.
- Comme il s’agit d’un jeune docteur, le montant est doublé, soit donc (45000*2) 81000€.
- À ces dépenses, on ajoute également le forfait de frais de fonctionnement des dépenses de personnel majoré à 100%, soit 81000€ supplémentaires.
- Le montant total déclaré des dépenses relatives à ce jeune docteur seront donc de 162000€ (dépenses de personnel + forfait).
Le CIR lié à ce jeune docteur sera donc de (162000*0,3) 48600€, soit un montant plus important que le côut du jeune docteur pour l’entreprise.
Bien sûr, cela concerne uniquement les deux premières années, mais on peut reconnaître l’effort de l’État à développer l’embauche de jeunes docteurs dans le secteur privé. Et côté entreprises, cela permet de mettre le pied à l’étrier et peut convaincre certaines sociétés qui hésiteraient à embaucher des jeunes docteurs.
Le DJD est un dispositif incitatif, utile, qui a prouvé son efficacité sur les dernières années.
Fin 2017, nous avions lu et entendu lors d’une interview d’Amélie de Montchalin, la chef de file de la majorité à la commission des Finances de l’Assemblée, que « des milliers de thésards sont aujourd’hui formés, alors qu’il n’y a que 300 postes à pourvoir au CNRS, toutes matières confondues« .
Elle soulevait ainsi le problème d’orientation des jeunes docteurs après leurs diplômes.
Certes… Mais il n’y a pas que le CNRS dans la vie, non ? Des milliers d’entreprises privées sont tout à fait susceptibles d’embaucher des jeunes docteurs pour leurs travaux et projets de recherche. Et le DJD favorise encore plus cela.
Alors… VIVE LES JEUNES DOCTEURS ! Et faites passer le message autour de vous 🙂
Vous souhaitez simuler d’autres calculs tels que celui montré en exemple ?
Nous vous rappelons que nous mettons gratuitement à votre disposition le CIRmulator, outil en ligne permettant de calculer votre CIR en quelques chiffres et clics. Bien évidemment, le DJD est compris dans les calculs, il ne vous reste plus qu’à rentrer vos estimations.
Pour CIRmuler (si si le terme existe, on vient de l’inventer), c’est par ici : www.cirmulator.fr.